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Une Nigériane Etale L’histoire Du Commerce Des Esclaves De Sa Famille

L’Afrique doit prendre conscience de sa responsabilité dans la traite des esclaves et se défaire de son passé macabre pour avancer !

On a beaucoup parlé du rôle de l’homme blanc dans le commerce transatlantique des esclaves, mais on n’accorde pas beaucoup d’attention à leurs collaborateurs africains qui ont accumulé une grande richesse et une grande influence en vendant leurs frères africains aux étrangers.

Dans ce récit pour The New Yorker, une femme nigériane nommée Adaobi Tricia Nwaubani a affronté le sombre passé de sa famille en matière de négoce d’esclaves et de sacrifices humains dans un article fascinant intitulé The Great-Grandfather, The Slave-Trader, qui veut dire « Mon arrière-grand-père, marchand d’esclaves » !

Lisez-le ci-dessous :

La maison de mes parents, à Umujieze, au Nigeria, se trouve sur un terrain vallonné qui appartient à notre famille depuis plus de cent ans. Traditionnellement, les Igbos enterrent leurs morts parmi les vivants, et le lieu de repos idéal pour un homme et ses épouses est dans les locaux de leur maison. Mon grand-père Erasmus, le premier directeur noir d’une usine de chaussures Bata à Aba, a été enterré sous ce qui est maintenant le salon des visiteurs. Ma grand-mère Helen, qui avait aidé à établir une église locale, a été enterrée près de la salle d’étude. Mon cordon ombilical a été enterré sur le terrain, tout comme ceux de mes quatre frères et sœurs. Mon frère aîné, Nnamdi, est né pendant que mes parents étudiaient en Angleterre, au début des années 70; mon père, Chukwuma, avait conservé le cordon ombilical séché et, 18 mois plus tard, l’avait ramené à la maison pour l’enterrer près de la porte d’entrée. Au bas de la colline, près de la rivière, sur un terrain maintenant envahi par la brousse, se trouve la tombe de mon ancêtre le plus célèbre : mon arrière-grand-père Nwaubani Ogogo Oriaku. Nwaubani Ogogo était un marchand d’esclaves qui avait gagné en puissance et en richesse en vendant d’autres Africains de l’autre côté de l’Atlantique. « Il était un commerçant renommé », me disait mon père fièrement. « Il avait vendu des produits dévirés de palmiers et des êtres humains ».

Bien avant l’arrivée des Européens, les Igbos réduisirent en esclavage d’autres Igbos en guise de peine pour des crimes, pour le non-paiement de dettes et pour les prisonniers de guerre. La pratique différait de l’esclavage dans les Amériques : les esclaves étaient autorisés à se déplacer librement dans leurs communautés et à posséder des biens, mais ils étaient parfois sacrifiés dans des cérémonies religieuses ou enterrés vivants avec leurs maîtres pour les servir dans l’au-delà. Lorsque le commerce transatlantique avait commencé, au XVe siècle, la demande d’esclaves avait augmenté. Les commerçants Igbos avaient alors commencé à kidnapper des gens de villages éloignés. Parfois, une famille vendait un parent déshonoré, une pratique que Ijoma Okoro, professeur d’histoire igbo à l’Université du Nigeria, Nsukka, assimile à l’envoi de condamnés britanniques dans les colonies pénitentiaires australiennes : « Les gens disaient : laissez-les partir. Je ne veux pas les revoir ». Entre le XVe et le XIXe siècle, près d’un million et demi d’esclaves Igbos avaient été envoyés à travers le Passage du Milieu.

Mon arrière-grand-père avait reçu le surnom de Nwaubani, qui signifie « de la région portuaire de Bonny », parce qu’il avait la peau claire et une apparence saine associée à des gens qui vivaient près de la côte et avaient accès à de riches aliments étrangers. C’est devenu notre nom de famille. À la fin du XIXe siècle, il avait obtenu une licence de négoce d’esclaves auprès de la Royal Niger Company, une société anglaise qui gouvernait le sud du Nigeria. Ses agents avaient capturé des esclaves à travers la région et les avaient passés aux intermédiaires, qui les avaient portés aux ports de Bonny et de Calabar et les avaient vendus aux négociants blancs. L’esclavage avait déjà été aboli aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais ses esclaves étaient légalement expédiés à Cuba et au Brésil. Pour gagner sa faveur, les dirigeants locaux lui donnaient leurs filles en mariage. À sa mort, il avait des douzaines d’épouses. Son influence avait attiré l’attention des fonctionnaires coloniaux, qui l’avaient nommé chef d’Umujieze et de plusieurs autres villes. Il avait présidé des procès et avait créé des églises et des écoles. Il avait construit une maison d’hôtes sur le terrain où se trouve actuellement la maison de mes parents et avait accueilli des dignitaires britanniques. Pour l’informer de leur arrivée imminente et vérifier leurs identités, les invités lui envoyèrent des enveloppes contenant des mèches de leurs cheveux caucasiens.

Les rites funéraires pour un homme Igbo distingué comprennent traditionnellement l’immolation du bétail, habituellement autant de vaches que sa famille peut se permettre. Nwaubani Ogogo était tellement estimé que, lorsqu’il mourut, un léopard fut tué et six esclaves furent enterrés vivants avec lui. Ma famille avait hérité de ses chaussures de toile, qu’il portait à une époque où peu de Nigérians possédaient des chaussures, et les chaînes de ses esclaves, si lourdes que, enfant, mon père pouvait à peine soulever. Tout au long de mon éducation, mes proches ont raconté avec joie les exploits de Nwaubani Ogogo. Quand j’avais environ 8 ans, mon père m’avait emmenée voir la tranchée d’Ugba où Nwaubani Ogogo gardait ses esclaves enchaînés. Dans les années 70, un ami de la famille qui enseignait l’histoire dans une université du Royaume-Uni a vu le nom de Nwaubani Ogogo mentionné dans un manuel sur la traite des esclaves. Même mes cousins qui vivaient à l’étranger ont appris que nous avions fait partie des livres d’histoire.

L’année dernière, j’ai voyagé d’Abuja, où je vis, à Umujieze pour le quarante-sixième anniversaire de mariage de mes parents. Mon père est l’homme le plus âgé de sa génération et le chef de notre famille élargie. Un matin, un homme est arrivé à notre porte depuis une église anglicane lointaine qui célébrait son centenaire. Ses archives ont montré que Nwaubani Ogogo avait donné une escorte armée aux premiers missionnaires de la région, un trio connu sous le nom des frères Cookey, pour assurer leur sécurité. L’homme était venu pour inviter mon père à recevoir un prix pour le travail de Nwaubani Ogogo qui aurait répandu l’évangile. Après que l’homme soit parti, mon père s’est assis dans son fauteuil préféré, parmi ses petits-enfants, et a raconté des histoires au sujet de Nwaubani Ogogo.

« Tu n’as pas honte de ce qu’il a fait », demandai-je. « Je ne pourrai jamais avoir honte de lui », disait-il, irrité. « Pourquoi le serais-je ? Son entreprise était légitime à l’époque. Il était respecté par tout le monde ». Mon père était un avocat et un militant des droits de l’homme qui a passé une grande partie de sa vie à dénoncer les abus du gouvernement dans le Sud-Est du Nigeria. Il a parfois dû fuir notre maison pour éviter d’être arrêté. Mais sa fierté en sa famille était inébranlable. « Tout le monde ne peut pas avoir le courage d’être un trafiquant d’esclaves », a-t-il dit, avant d’ajouter : « Vous deviez avoir de l’audace en vous ».

Mon père a réussi à me transmettre non seulement les histoires de Nwaubani Ogogo, mais aussi sa fierté. Pendant mes jours d’école, quand un ami me demandait la signification de mon nom de famille, je lui donnais un récit au lieu d’une traduction. Mais, au cours de la dernière décennie, j’ai ressenti un malaise grandissant. Les intellectuels africains ont tendance à blâmer l’Occident pour le commerce des esclaves, mais je savais que les commerçants blancs n’auraient pas pu charger leurs navires sans l’aide d’Africains comme mon arrière-grand-père. J’ai lu des plaidoiries pour payer des réparations aux descendants d’esclaves américains et je me suis demandé si quelqu’un pourrait s’attendre à ce que ma famille y contribue. D’autres membres de ma génération se sentaient pareillement instables. Mon cousin Chidi, qui a grandi en Angleterre, avait douze ans quand il a visité le Nigeria et a demandé à notre oncle la signification de notre nom de famille. Il a été choqué d’apprendre l’histoire de notre famille, et a été réticent à la partager avec ses amis britanniques. Mon cousin Chioma, médecin à Lagos, m’a dit qu’elle se sentait angoissée quand elle regardait des films sur l’esclavage. « Je pleure et je pleure et je demande à Dieu de pardonner nos ancêtres », a-t-elle dit.

Les Britanniques avaient essayé de mettre fin à l’esclavage chez les Igbos au début des années 1900, bien que la pratique ait persisté jusque dans les années 1940. Dans les premières années de l’abolition, par la recommandation britannique, les maîtres ont adopté leurs esclaves libérés dans leurs familles élargies. L’un des esclaves qui avait rejoint ma famille était Nwaokonkwo, un meurtrier condamné d’un autre village qui avait choisi l’esclavage comme alternative à la peine de mort et est finalement devenu le plus fidèle serviteur de Nwaubani Ogogo. Dans les années 1940, après la mort de mon arrière-grand-père, Nwaokonkwo fut accusé d’avoir tenté d’empoisonner son héritier, Igbokwe, afin de voler un terrain. Ma famille l’avait condamné au bannissement du village. Quand il eut appris le verdict, il courut en bas de la colline, se jeta sur la tombe de Nwaubani Ogogo, et pleura, en disant que ma famille lui avait un jour donné refuge et le jetait maintenant dehors. Finalement, mes ancêtres lui avaient permis de rester, mais avaient ordonné à tous leurs esclaves libérés d’abandonner notre nom de famille et de choisir de nouveaux noms. « S’ils s’étaient mieux comportés, ils auraient été acceptés », a déclaré mon père.

Les descendants d’esclaves libérés dans le sud du Nigeria, appelés Ohu, sont toujours confrontés à une stigmatisation significative. La culture Igbo leur interdit d’épouser des personnes libres, et leur refuse les titres de leadership traditionnels tels que Eze et Ozo. L’Osu, une caste intouchable descendante d’esclaves qui servaient dans des sanctuaires, fait face à une persécution encore plus sévère. Mon père considère l’Ohu de notre famille comme une épine dans notre pied, constamment en opposition à nos décisions. Dans les années 1980, lors d’un litige foncier avec une autre famille, deux familles Ohu avaient témoigné contre nous devant le tribunal. « Ils nous détestent », disait mon père. « Peu importe combien d’argent ils ont, ils ont toujours une mentalité d’esclave ». Mon ami Ugo, dont la famille avait un désaccord similaire avec ses membres Ohu, m’a dit : « La dissension vient de tous ces gens avec du sang emprunté ».

J’ai d’abord pris conscience de l’Ohu quand j’ai fréquenté l’internat à Owerri. J’ai été attirée en découvrant que la famille d’une autre élève venait d’Umujieze, bien qu’elle m’ait dit qu’ils n’avaient presque jamais visité la maison. Il semblait, d’après nos conversations, que nous pourrions être liées, ce n’est pas une découverte inhabituelle dans une grande famille, mais néanmoins passionnante. Quand mes parents sont venus me rendre visite, je leur ai parlé de la fille. Mon père m’a tranquillement informé que nous n’étions pas parents de sang. Elle était Ohu, la petite-fille de Nwaokonkwo.

Je ne suis pas sûre si cette révélation signifiait beaucoup pour moi à l’époque. La fille et moi sommes restées amies, bien que nous ayons rarement parlé de nos familles. Mais, en 2000, une autre amie, nommée Ugonna, s’est vue interdire d’épouser un homme qu’elle avait fréquenté pendant des années, parce que sa famille avait découvert qu’il était Osu. Par la suite, une amie Osu du nom de Nonye m’a dit que grandir en sachant que ses ancêtres étaient des esclaves était un peu comme avoir un épouvantail juste à côté de soi. Récemment, j’ai parlé à Nwannennaya, une membre Ohu de ma famille de 39 ans. « La façon dont les gens se comportent est comme si nous étions inférieurs », a-t-elle dit. Ses parents lui avaient caché son ascendance Ohu jusqu’à ce qu’elle ait 17 ans. Bien que nos familles fussent des voisins, elle et moi avons rarement interagi. « Il y a eu un jour où tu m’as vue et tu m’as demandé pourquoi je blanchissais ma peau. J’étais très contente, parce que tu m’avais parlé. Je suis allée voir ma mère et je lui ai raconté. Vous et moi sommes sœurs. C’est ainsi que les sœurs sont censées se comporter », a-t-elle dit.

La modernisation incite les Ohus et les nés-libres à se marier, malgré la menace d’ostracisme. « Je connais des communautés où les descendants d’esclaves sont devenus riches et ont commencé à exiger le droit d’occuper des postes. Cela crée des conflits dans de nombreuses communautés. L’année dernière, dans une ville de l’État d’Enugu, un homme Ohu a été nommé à un poste de direction traditionnel, déclenchant des manifestations de masse. Dans un village voisin, un homme Ohu est devenu le meilleur officier de police, donnant à ainsi à la communauté Ohu locale suffisamment d’influence pour pousser à la réforme. Finalement, ils ont été répartis dans une section distincte de la communauté, où ils peuvent vivre selon les lois qu’ils veulent, loin des nés-libres », m’a raconté le professeur Okoro. GT Basden, un missionnaire britannique, écrivait sur les Igbos en 1921 : « Il faudra probablement beaucoup de temps avant que toute trace d’esclavage ne disparaisse de l’esprit des gens. Jusqu’à ce que la conscience du peuple ne se réveille, les distinctions entre esclaves et nés-libres, seront maintenues ».

On pensait que Nwaubani Ogogo avait acquis des pouvoirs spirituels à partir du sanctuaire d’une divinité nommée Njoku, ce qui lui permettait d’exercer une influence sur les colons blancs. Parmi ses biens, transmis à la famille, il y avait le symbole de son alliance avec Njoku : un pot contenant une tête humaine. « On devait couper la tête directement dans le pot pendant que la personne était encore en vie, sans qu’elle touche le sol. Ce ne pouvait pas être la tête de n’importe qui. Ça devait être quelqu’un que tu connaissais », a expliqué mon père. Dans le cas de Nwaubani Ogogo, cette personne était très probablement une esclave. Quand Gilbert, mon grand-oncle, ancien chef de notre famille, était mort en 1989, sa deuxième femme, Nnenna, une chrétienne pieuse, avait détruit le pot. Peu de temps après, ses enfants ont commencé à mourir de morts mystérieuses, l’un après l’autre. Nnenna a contracté une maladie étrange et est décédé en 2009. Certains membres de la famille avaient commencé à craindre que les forces obscures aient été déchaînées.

En juillet dernier, le cousin de mon père, Sunny, professeur d’ingénierie, avait rendu visite à mes parents pour discuter d’une autre préoccupation : une inimitié grandissante dans notre famille. Des désaccords mineurs avaient mené des parents à cesser de se parler. Plusieurs s’étaient éloignés de la famille. « Nous avons toujours un désaccord majeur ou une division ou autre », m’avait dit le cousin de mon père, Samuel. Mon cousin Ezeugo n’avait pas été surpris par la tendance inquiétante. « Partout dans les terres igbos, partout où il y avait eu un commerce d’esclaves avec les Blancs, les choses ne vont jamais bien. Ils ont toujours des problèmes dans ces endroits. Tout le monde l’a remarqué », a-t-il dit. Mes proches pensaient que l’histoire de notre famille revenait nous hanter.

Avant la colonisation, les Igbos croyaient que les forces spirituelles contrôlaient les événements. Quand suffisamment de malheurs s’accumulaient dans une famille, les membres pouvaient en venir à croire que la famille était la victime d’une malédiction intergénérationnelle résultant des actions d’un ancêtre. Les membres de la famille cherchaient alors un prêtre juju, qui consultait une divinité, diagnostiquait la racine de la malédiction, puis l’expulsait à travers un rituel religieux. Quand les missionnaires étrangers étaient arrivés, ils avaient persuadé les Igbos d’embrasser le christianisme, au moins ouvertement. Mais la croyance en des malédictions ancestrales est restée cachée dans les passages bibliques qui se réfèrent à Dieu « visitant l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération ». Beaucoup d’églises offrent maintenant des services similaires aux anciens rituels, dans lesquels un pasteur remplace le prêtre juju et Jésus remplace le dieu païen. De cette façon, les forces du mal peuvent être expulsées sans que les chrétiens se livrent à l’idolâtrie. La délivrance nécessite généralement une famille pour prier, jeûner et renoncer aux atrocités.

En 2009, le défunt Stephen Njoku avait écrit un livre intitulé « Défiez et traitez vos mauvaises bases », dans lequel il avait soutenu que certaines personnes devraient changer leurs noms pour se débarrasser des malédictions. « C’est comme construire une maison. Si vous n’utilisez pas les fondations correctement, si vous utilisez des matériaux de qualité inférieure ou si les pierres ne sont pas posées correctement, le bâtiment développera inévitablement des fissures et s’effondrera » m’avait-il dit. Un certain nombre de communautés Igbos dont les noms portaient des histoires macabres en ont pris de nouveaux. En 1992, les habitants de ma ville avaient été préoccupés par plusieurs morts inexpliquées de jeunes. Après une période de prière communautaire, les gens s’étaient rassemblés dans la salle des fêtes et avaient voté pour rejeter le nom historique de la communauté, « Umuojameze », qui signifie « enfants d’Ojam, le roi ». Ojam était une divinité adorée avant la christianisation et à qui ils avaient fait des sacrifices humains réguliers. Ils avaient alors choisi le nouveau nom, « Umujieze », qui signifie « les enfants qui tiennent la royauté », pour refléter notre séparation des atrocités du passé.

Mes parents étaient en désaccord sur la cause de la malédiction de notre famille. La plupart croyaient que c’était à cause du commerce d’esclaves de Nwaubani Ogogo. Certains soupçonnaient que c’était son alliance rompue avec Njoku. Mon père pensait que cela pouvait résulter de ses sacrifices humains. Sunny n’était pas sûre que la famille ait été maudite du tout. Il argumentait : « Si nos problèmes sont causés par les péchés de nos pères, pourquoi les Blancs font-ils des progrès malgré les péchés de leurs pères » ? Néanmoins, ils ont accepté d’organiser une cérémonie de délivrance et se sont mis d’accord sur un plan. Pendant trois jours vers la fin du mois de janvier, de 6 heures du matin à midi, les membres de la famille dans le monde entier jeûnaient et priaient. Mon père avait envoyé un message texte en guise de préparation, qui comprenait des passages de la Bible. Il n’a jamais été ouvertement religieux, et cela m’avait amusé de le voir organiser une séance de prière mondiale. Je l’ai taquiné sur le fait qu’il n’aurait pas le doit de prendre le petit-déjeuner, qui l’attendait habituellement à la même heure chaque matin. « Je suis un saint », a-t-il déclaré.

Le premier jour du jeûne, les membres de ma famille se sont réunis en petits groupes à Londres, Atlanta et Johannesburg. Certains ont discuté au téléphone et d’autres ont discuté sur les médias sociaux. Trente membres se sont réunis sous un dais dans la cour de mes parents. Les larmes aux yeux, mon père expliquait qu’au temps de Nwaubani Ogogo, vendre et sacrifier des êtres humains était une pratique courante, mais que désormais nous savons que cela est profondément offensant pour Dieu. Il a remercié Dieu pour l’honneur et le prestige accordés à notre famille par mon arrière-grand-père, et a demandé pardon à Dieu pour les atrocités qu’il avait commises. Nous avions récité un des passages du Livre des Psaumes que mon père nous avait envoyés par texto :

Qui connaît ses égarements ?

Pardonne-moi ceux que j’ignore;

Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux;

Qu’ils ne dominent point sur moi;

Alors je serai intègre, innocent de grands péchés !

Pendant la cérémonie, j’ai été submergée de soulagement. Ma famille faisait finalement un pas au-delà des chuchotements et des inquiétudes. Bien sûr, rien ne peut réparer le mal causé par Nwaubani Ogogo. Et les Ohus, qui ne sont pas ses descendants directs, n’ont pas été invités à la cérémonie, leur maltraitance dans la région continue. Néanmoins, il était important que ma famille dénonce publiquement son rôle dans la traite des esclaves. « Notre famille prend ses responsabilités », disait mon cousin Chidi, qui vivait à Londres. Chioma, qui y a assisté depuis Atlanta, a déclaré : « Nous essayions de faire la paix et d’expier ce que nos ancêtres ont fait ».

Le dernier jour, mes parents se sont promenés le long d’une route goudronnée récemment près de notre église anglicane locale. L’église a été établie en 1904, sur un terrain que Nwaubani Ogogo avait donné. À l’intérieur, un prêtre a présidé une séance de prières de deux heures. À la fin, il a prononcé des bénédictions sur nous, et a proclamé un nouveau départ pour la famille Nwaubani. Après la cérémonie, les membres de ma famille ont parlé d’en faire un rituel annuel. « Ce genre de choses offre la miséricorde de Dieu. Les gens ont fait toutes ces choses mauvaises, mais ils n’en parlent pas. Plus les gens confesseront et renonceront à leur passé maléfique, plus la purification sera bénéfique pour la terre », a déclaré ma mère, Patricia.

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