Dans la nuit de lundi 30 à mardi 31 juillet, trois journalistes russes qui avaient sur eux des cartes de presse ont été tués. Le drame est survenu dans les environs de Sibut, dans le centre de la Centrafrique. L’information a été relayée par les autorités centrafricaines et russes.
Le ministère des affaires étrangères russe, a fait un communiqué. Il a affirmé : « Selon des informations reçues de la République centrafricaine, le 30 juillet, un triple meurtre a eu lieu. Les victimes portaient des cartes de presse émises aux noms de Kirill Radtchenko, Alexandre Rastorgouïev et Orkhan Djemal. L’incident s’est produit non loin de la ville de Sibut, à 300 km au nord de la capitale, Bangui ».
Dans ce même communiqué, il a mentionné : « Les autorités ont déjà convoyé leurs corps jusqu’à Bangui ».
Trois journalistes reconnus !
Alexandre Rastorgouïev et Orkhan Djemal étaient deux de grands journalistes qu’on ne présentait plus. Âgé de 47 ans, Alexandre était un documentariste qui travaillait essentiellement pour le cinéma. Il avait travaillé en Tchétchénie, et en 2014, il avait réalisé le film « Srok » (Le Mandat) sur l’opposition russe.
Quant à Orkhan Djemal, lui âgé de 51 ans, il était un reporter de guerre confirmé. Il travaillait pour la grande majorité des médias indépendants en Russie dont la Novaïa Gazeta, en Afghanistan, dans le Caucase ou encore dans le Donbass. En 2011, il avait eu une blessure en Libye. Kirill Radtchenko lui était un cameraman.
Ange Maxime Kazagui, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement centrafricain s’est confié aux confrères de Reporters sans frontières. Il a précisé que ce sont 9 « ravisseurs enturbannés » ne parlant « ni le français ni le sango » qui s’en étaient pris aux journalistes. Sur le coup, l’un des journalistes a perdu la vie et les deux autres ont rendu l’âme peu après. C’est ce qu’a raconté leur chauffeur blessé, mais qui a pu s’enfuir.
L’ONG rappelle dans un communiqué : « Ce triple assassinat vient rappeler à quel point il reste extrêmement dangereux pour les journalistes de témoigner du conflit en République centrafricaine. Nous exhortons les autorités centrafricaines et russes à mener une enquête sérieuse et approfondie pour en identifier les auteurs » !
Une enquête sur le groupe Wagner !
Dans un post sur Facebook, Investigation Control Centre (TsUR), un média en ligne russe, a informé que les trois journalistes étaient en mission en Centrafrique. En fait, ils devaient enquêter sur le groupe Wagner qui est une organisation de sécurité privée russe à la solde du Kremlin. Ce groupe envoyait régulièrement des mercenaires au combat en Ukraine et en Syrie.
C’est Mikhaïl Khodorkovski, un ancien magnat du pétrole, devenu l’un des plus grands adversaires de Vladimir Poutine qui finance le média TsUR. Ce média avait déjà rendu public plusieurs enquêtes sur la corruption dans l’entourage de Vladimir Poutine.
Le ministre des Affaires Étrangères russe a aussi exprimé le regret de son gouvernement. Il a dit : « L’ambassade de Russie en Centrafrique n’a malheureusement pas reçu l’information de la présence de journalistes russes dans le pays. Moscou entend déterminer les circonstances exactes de la mort des citoyens russes et organiser le retour de leurs corps dans leur pays ».
Les autorités fédérales russes ont démarré une enquête criminelle, en ce qui concerne cet assassinat. Notez que la Centrafrique est en proie à la guerre depuis de nombreuses années.
Une source judiciaire centrafricaine avait informé : « On a retrouvé les trois hommes morts à 23 km de Sibut. Ce sont des hommes armés non identifiés qui sont les auteurs de ce crime ». Ensuite, il a précisé que le triple meurtre avait eu lieu à la hauteur d’un barrage dressé au milieu de la route. La source a aussi informé que leur chauffeur était introuvable.
Un informateur de Sibut a rapporté : « Ils rentraient de Kaga Bandoro (nord) par la route ».
Influence russe en Centrafrique !
L’armée russe a envoyé des formateurs militaires à Bangui.Ils ont convoyé des armes pour l’armée nationale. Et ils se chargent aussi de la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra. Précisons aussi que celui-ci a un Russe comme conseiller à la sécurité. Et tout ceci date de cette année 2018.
Un nombre important d’armes a été livré à l’armée centrafricaine par la Russie en décembre de l’année dernière. Il y avait des armes de poing, des fusils d’assaut, des mitrailleuses et des lance-roquettes. Aussi, l’ONU a donné l’autorisation à l’armée russe afin qu’elle forme deux bataillons de l’armée centrafricaine. Il s’agit d’un total de 1 300 soldats.
La raison officielle de cette formation est que l’armée russe veut aider au renforcement de l’armée centrafricaine. En réalité, la Centrafrique a beaucoup de mal à défendre le territoire du pays dont la grande partie est sous le contrôle de milices armées. Néanmoins, Moscou veut aussi profiter de cette mission pour asseoir son influence dans le pays. La Centrafrique jouit d’une bonne position stratégique et possède d’énormes richesses comme diamants, l’or, l’uranium et le bois.
Début juillet 2018, la Russie avait essayé de faire asseoir le gouvernement centrafricain et les rebelles armés à la même table dans la capitale soudanaise, Khartoum, mais hélas !